Seigneur Dieu ! Du design…

Du design liturgique, des espaces religieux, décidément le design se niche partout. Vous me direz que de grands ancêtres de l’architecture ont initié le mouvement depuis longtemps, c’est vrai ; mais cela reste encore peu courant de nos jours. Et le résultat est particulièrement admirable, disons « inspiré », visible à Paris 17 rue de l’Assompion : Chapelle de la Congrégation des religieuses de l’Assomption.

Un info d’un ami d’Admirable, Anthony van den Bossche rp design et Architecture de l’agence Duende PR.

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C’est donc à l’équipe d’architecte 3Box qu’est revenu le soin de réaménager la chapelle en repensant l’accueil et la circulation des pélerins, tandis que le tandem John Doe se confrontait lui au mobilier liturgique : bancs, prie-Dieu, autel, bénitier, tabernacle et lutrin, autant de typologies hors design domestique, dont John Doe se saisit avec justesse pour son tout premier chantier d’envergure.

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Les voies du design étant pénétrables, il s’agit comme toujours d’un petit détail créatif terriblement humain qui unifie et donne tout son sens à l’ensemble du mobilier. Les John Doe ont travaillé sur une petite perturbation, 2cm exactement. 2 cm de vide entre les plateaux et les supports, une petite élévation permanente qui fait la différence dans le vocabulaire formel et dont les soeurs se sont saisis immédiatement pour mieux s’approprier ce nouveau lieu. Le bénitier, l’autel et les bancs lévitent donc visuellement de conserve.

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Les bancs, au dessin impeccable, sont réalisés en chêne pour permettre de grandes portées et intègrent d’autres contraintes, à commencer par la prière en coeur à coeur, c’est à dire face-à-face, une particularité de la Congrégation. Le centre de la chapelle est donc réservé aux soeurs qui se font face, les fidèles se situant à la périphérie. Une spacialisation soulignée par le rythme des piètements : plus on se rapproche du centre, plus il est dense. Les assises étant réparties selon différents modules, stales pour les soeurs (avec ou sans rangements intégrés pour psautiers et bible), bancs de 3 tailles différentes pour les fidèles avec ou sans prie-Dieu.

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L’autel, en granit noir du Zimbabwe, contient une relique de Ste Marie Eugénie, est dessiné avec le même souci de permanence, comme déposé dans lieu depuis toujours, une plaque de pierre pure au dessus du sol, le résumé parfait de l’autel réduit à sa fonction première (un autel est originellement une simple pierre plate qui peut être nomade et conserver toute sa fonction).

Le bénitier est lui en pierre d’Auberoche et devient par la douceur du trait « une simple goutte posé une pierre. » comme le souhaitait les John Doe. D’une contenance d’un litre, il est aussi fonctionnel que minimal et délicat.

John Doe. Dans la culture anglo-saxonne, un John Doe est un monsieur X, un corps sans identité, un anonyme. Pied de nez au design starisé, Grégory Lacoua et Sébastien Lagrange choisissent donc le nom propre d’un inconnu générique, une identité qui n’en est pas une pour incarner leur design dont le vocabulaire se veut aussi libre que possible. Dégagé du besoin de s’affirmer en tant que personnalité, mais bien décidé à jouer dans les cour des grands au registre de la compétition permanente visant à déterminer la meilleur réponse à chaque question posée.

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