Aurélie Gaillard, cofondatrice de GoodPeopleWander, nous présente son agence de stratégie et communication, de design et de curation culturelle, labellisée B Corp et également société à mission.
Aurélie Gaillard, quel est votre parcours ?
A.G. Un parcours classique : une prépa littéraire (que j’ai beaucoup appréciée) puis une école de commerce. J’ai démarré mon parcours professionnel chez Makheia où j’ai monté Makheia Asie. Ensuite, j’ai co-créé Chic, aventure très sympathique, car lorsque j’en suis partie nous étions arrivés à 70 personnes. Parmi les chantiers intéressants, on a travaillé pour Ruinart dans l’objectif d’éliminer le pack secondaire ou pour Guerlain sur l’écoconception d’une gamme de soin pour l’Asie. C’est cela qui m’a donné l’envie de me consacrer vraiment à des projets qui ont du sens : du coup, j’ai co-fondé GoodPeopleWander, avec cette appétence pour les récits individuels et collectifs.
Parlez-nous de GoodPeopleWander
A.G. C’est une agence de design et de communication qui se consacre aux maisons de luxe avec comme caractéristique de travailler avec elles sur les nouveaux récits et imaginaires, sur la déclinaison en matière de design et sur l’impact culturel de leurs marques via des curations artistiques. On intervient par conséquent sur la plateforme de marque et la plateforme de communication avec comme fil conducteur que le purpose de marque est un purpose de contribution. Autrement dit, tout ce qui touche à la raison d’être ou à la RSE doit descendre au niveau de la marque. Cela demande du temps et de la conviction, mais on y croit beaucoup. Dans cet esprit, on accompagne le Maître Cartier Grimaud, ce qui nous donne l’occasion d’y découvrir un patrimoine incroyable. Pour eux, on réalise le design de la marque, le design produit ainsi que tout le récit. De façon générale, nous sommes évidemment très centrés écoconception, en travaillant par exemple sur le packaging pour y intégrer des innovations sur les conditionnements primaires et secondaires. Concernant la curation culturelle, activité magnifique et récente, on crée des conversations entre des marques et des acteurs culturels dans un but de transformation. Ces conversations peuvent notamment prendre la forme d’une collaboration entre une marque et un artiste. Dans la logique, on intervient d’abord sur la plateforme de marque et sa contribution, ce qui permet d’aller chercher un artiste avec des valeurs communes pour une cocréation intéressante. On fait aussi de la curation de lieux – châteaux, hôpitaux, institutions – car l’art est là pour porter un message et donc apporter une prise de conscience.
Comment fonctionne GoodPeopleWander et quelles sont vos ambitions ?
A.G. La manière dont on utilise le design chez GoodPeopleWander est la suivante : du design sprint pour les workshops, de la maïeutique pour les récits de marque, de l’écodesign pour le design produit et l’identité, et enfin du design with care pour la curation artistique, par exemple dans le cas du design d’espace. Notre objectif est de réussir à bien affirmer notre positionnement et de le partager avec les marques et les institutions. Et tout reste à inventer. Aujourd’hui, l’agence est constituée de huit personnes. On n’a pas d’objectifs de développement, on verra comment les choses arrivent. Et comme on a déjà eu l’expérience d’une croissance rapide avec Chic, on n’a pas envie de recommencer. Il y aura forcément du développement, mais pas forcément de la croissance de taille. Je précise que nous sommes à la fois B Corp et entreprise à mission, car on a voulu certifier une démarche avec B Corp et assurer un fonctionnement cohérent en matière d’éthique avec cette qualité de société à mission. La combinaison des deux nous confère un positionnement extrêmement clair. Je note au passage que l’on ne parle pas assez du mouvement des entreprises à mission qui, en matière de design de la pensée, aboutissent à faire émerger des démarches vertueuses. De façon opérationnelle, on travaille bien car nous sommes une petite équipe de gens qui se connaissent bien, tous avec un lien très vivant. Et l’on sait bien que plus l’on grossit, plus l’on diminue la qualité de la bande passante des uns aux autres. Enfin, en matière d’implantation, l’équipe est sur Paris, Biarritz, Nantes et Londres, car c’est le lieu de vie de certaines personnes de l’équipe. C’est dire que l’on choisit des talents et pas des lieux ! Pour information, on vient d’ouvrir un bureau à Milan, ville aux avant-postes des tendances.
Votre vision du design ?
A.G. Pour moi, le design de marque, le design de produit, le design d’espace, le design d’identité ou le design de processus permettent le passage d’une idée à sa réalisation. Le design est donc aussi une sorte de véhicule-médium de nos opinions, valeurs et croyances dans la matière. Ce qui est également intéressant dans le design, c’est qu’au contact d’un nouveau milieu, il se transforme, fait évoluer la pratique. C’est donc aussi un véhicule de transformation, qui peut embarquer beaucoup de monde avec lui. C’est donc résolument un précieux acteur du changement social.
Un message pour terminer ?
A.G. Permettez-moi de vous préciser notre raison d’être en guise de conclusion : nous croyons que l’industrie du luxe a le pouvoir de mener la transition sociale et environnementale avec excès, en fabriquant les imaginaires qui rendent cet engagement désirable. Dans ces conditions, notre mission est d’écrire de nouveaux récits à influence positive et d’inventer des esthétiques de l’engagement par l’écodesign.
Une interview de Christophe Chaptal
Article précédemment paru dans le Design fax 1345