Les Sismo : coopération avant tout

Louis Béziau, designer associé et président des Sismo, nous en dit plus, notamment, sur le rapprochement de l’agence avec OpenCommunities.

Louis Béziau, quel est votre parcours ?
L.B. Je viens du digital. J’ai longtemps été freelance, puis j’ai monté mon agence et ensuite une start-up, deux expériences qui m’ont beaucoup apporté. J’ai rejoint Les Simo il y a huit ans pour y développer l’activité digitale. Il y a environ quatre ans, j’ai été nommé codirecteur et je suis président de l’agence depuis octobre dernier, date de la reprise de l’agence par les salariés. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le rapprochement qui est en train de s’opérer avec OpenCommunities ?
L.B. L’enjeu du rapprochement avec OpenCommunities est d’abord le fait qu’il y a des synergies évidentes entre eux et nous. Il y a beaucoup d’offres combinant design et conseil qui restent à imaginer, dans une logique d’accompagnement au changement pour aider les entreprises à concrétiser les transitions. Je note d’ailleurs que cet accompagnement au change est inhérent à notre pratique du design contemporaine. D’autre part, vous le souligniez récemment dans l’une de vos analyses : on a souvent des systèmes de vassalisation du design par le conseil.  Nous avons voulu absolument éviter cela en optant pour le statut coopératif (ndlr : Les Sismo se sont constitués en SCOP, ou société coopérative de production, “qui se distingue des sociétés classiques par une détention majoritaire du capital et du pouvoir de décision par les salariés et par des règles de fonctionnement basées sur les principes coopératifs – source Wikipédia). Ce choix de fonctionnement garantit le statut d’indépendance de l’agence. 

Pourquoi avoir choisi de vous rapprocher d’OpenCommunities, en particulier ?
L.B. Il faut savoir qu’OpenCommunities est partenaire de l’agence depuis un certain temps, et, point important, que c’est un cabinet de conseil qui, dès sa création, a intégré le design. Anecdote amusante à ce propos, ils sont vus comme des designers par les autres cabinets de conseil et comme des consultants par les agences de design ! Par ailleurs, il y a le contexte économique qui a facilité une prise de participation minoritaire d’OpenCommunities dans le capital des Sismo. Je rappelle que c’est dans le cadre d’un redressement judiciaire que Les Sismo ont été repris par les salariés et qu’a été imaginée l’arrivée d’OpenCommunities. Point intéressant dans le statut coopératif : une personne est égale à une voix. C’est un système équilibré.

Quel est votre plan de route ?
L.B. On a restructuré l’agence, ce qui nous permet de repartir vers des années de croissance. Nous sommes actuellement une dizaine de salariés et nous souhaitons revenir à une vingtaine de personnes d’ici à deux ans, en gardant évidemment l’ADN des Sismo : du design global, stratégique et attentionné, c’est-à-dire ce que l’on fait depuis des années, avec une non-spécialisation sectorielle. Nous sommes présents dans les domaines du service, du digital, de l’architecture et, bien sûr, du produit, discipline que nous voulons pousser, notamment au moyen de la recherche et de l’édition.

Un mot sur votre vision du design en France
L.B. On a vu ces dernières années pas mal de rapprochements entre des cabinets de conseil et des agences de design, avec à mon sens un positionnement du design qui n’est pas du tout là où il devrait être. En d’autres termes, le design n’occupe pas le niveau stratégique auquel il peut légitimement prétendre. J’insiste sur ce dernier point : c’est tout le contraire qui se produit dans le rapprochement des Sismo avec OpenCommunities. Le design a totalement son mot à dire, tant dans les entreprises que dans les politiques publiques.

Un message pour terminer ?
L.B. Je veux partager une conviction que nous avons : on veut enrichir notre portefeuille de clients avec des PME et des ETI, car nous pensons que l’on pourra avoir beaucoup d’impact chez eux. Ces entreprises ont une taille qui leur permet d’être très agiles, et de piloter efficacement, par exemple, la redirection écologique. On va par conséquent intensifier notre pression commerciale sur cette cible d’entreprises.

Une interview de Christophe Chaptal

Article précédemment paru dans le Design fax 1348