Les artistes dans la lessive !

La Tribune, cet excellent quotidien économique, ne fait pas souvent place au design et à la création en général. Après tout, chacun son territoire pourrait-on penser…

Pourtant, le numéro du 16 avril devait nous réserver une divine surprise et de taille : la création est utile… pour le management ! Pour une nouvelle, en voilà une qu’elle est bonne comme, disait Coluche…

SamaLogo.jpgOn y apprend qu’une société renommée, mais pas vraiment pour sa créativité, Unilever, va faire appel à des étudiants des Beaux Arts de Paris, pour intégrer ses équipes de management, jugée probablement trop normée !

Jusqu’à présent on imaginait qu’en toute logique, les meilleurs élèves des écoles de commerce et de gestion du niveau bac + 5, étaient leurs cibles privilégiées, mais il faudra revoir ses classiques…

Certes, il s’agit d’une expérience, voire d’une hypothèse encore, mais saluons l’idée et la réflexion qu’elle implique. Car il ne s’agit pas d’utiliser leurs talents de peintres ou de sculpteurs – on s’en doutait un peu – mais bien de former de futurs managers atypiques aux profils plus sensibles, plus ouverts sur les courants, les tendances, le public. Pas bête !

Bien sûr, ils seront sélectionnés pour tenter de limiter la casse à l’arrivée. Immersion, tests et pour les rescapés, apprentissage aux finesses du marketing. Après une année plutôt cool, apprentissage au hard du marketing et à la gestion. La troisième année est l’apprentissage au management.
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Certains pourraient dire qu’il s’agit d’un plan de réinsertion sociale ( !), d’autre de récup de l’art par le fric, etc. N’ironisons pas si vite. D’abord, il s’agit de volontaires (tous les étudiants des Beaux Arts ne sont pas de futurs artistes !), ensuite la formation est étalée sur trois années ; ce qui permet de vérifier la justesse de sa nouvelle vocation personnelle.

Ensuite, ne se plaint-on pas assez, nous designers, d’être face dans les entreprises, à de jeunes chefs de produits ou des responsables marketing sans culture et sans sensibilité artistique ? Et tout ce petit monde juge de ce qu’est le design juste en réclamant un peu plus de rouge ici et une typo plus élégante là ?

Alors, saluons l’initiative et donnons lui au moins une chance de faire ses preuves.

(Merci à l’artiste Masayoshi d’avoir prêté son talent pour illustrer cet article. Un candidat pour Unilever ?…)