Stéphane Ricou, quitte le design ?

Stéphane Ricou est est cofondateur de l’agence de design Paris-Venise Design, avec Francesco Moretti, en 1991. Depuis 2005, l’agence a fusionné avec Interbrand France pour devenir Interbrand-Parisvenise.

Stéphane, 44 ans, après quelques mois de collaboration dans cette nouvelle organisation, a décidé de partir.

Pour quelle destinée ? Quitter le design ? Ouvrir une nouvelle agence ?

Stéphane se confie à Gérard Caron.

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Gérard Caron :

Après la fusion de Paris-Venise avec Interbrand, certains professionnels s’attendaient bien à quelques mouvements… dont le tien, peut-être. Ceci dit, comment expliques-tu ton départ aussi rapide ?

Stéphane Ricou :

Dans les grandes agences de design, la priorité à la productivité, la financiarisation du management devient un système généralisé. Cela c’est installé progressivement. Rien n’est fait pour libérer la créativité.

La rationalisation, nécessaire à un certain degré est allé trop loin.
Je ne me sens plus à l’aise dans un tel contexte. Nous sommes dans des métiers de création, même si l’on doit dire de stratégie créative plutôt.

GC : Je pensais que le virage de la quarantaine y était pour quelque part aussi…

SR : Bien sûr, je suis à un âge charnière, 44 ans. Je suis au moment des bilans. Quel est mon rôle ? Où est le plaisir de travailler ? Je n’ai pas l’intention de me transformer en responsable des essources humaines dans une agence sans contact avec la création et la stratégie !

GC : Tu participes par ailleurs au Club Entreprise et Avenir qui travaille sur la création de valeur dns le business…

SR : Créer de la valeur pour le client quand on est obsédé par l’hyper rentabilité à court terme est bien difficile… Nous sommes dans l’ère de l’immédiat, du « rentable tout de suite » et ce mouvement s’est amplifié avec la mondialisation et la mobilité des collaborateurs.

Comment accompagner le client, être à ses côtés en permanence dans ces conditions ?

GC : Donc tu marques une pause. Une idée de la suite ?

SR : Je suis fondamentalement un entrepreneur, je vais donc, logiquement reconstruire quelque chos. Une agence ? Si oui, elle sera orientée vers un mode de travail à flux tendus, tout en autorisant quand même la réflexion.

Les créatifs ont été longtemps préservés d’une certaine manière. Ils pouvaient donner le meilleur d’eux-mêmes. Aujourd’hui, tout le monde est en première ligne sur le pont. Plus de recul, plus de reprise de souffle. La tension bien dosée est créative, à forte dose elle tue toute créativité.

GC : Tu as une solution en tête ?

SR : Deux exemples prouvent qu’il y a des voies.

Philippe Rasquinet travaille avec une petite équipe pour la stratégie et externalise ses travaux et le succès est là.
Ton cas, Gérard, aussi m’inspire. Tu as quitté Carré Noir et tu continues à conseiller les entreprises et travailler avec les designers en France et au Japon au travers de ton réseau Caron Design Network ; et cela sans structure lourde. Et ca marche !

C’est donc possible d’une façon ou d’une autre. Laisse-moi le temps de bien préparer la suite. On en reparlera dans Admirable Design, quand le bébé sera prêt…