De l’horloge de gare à la montre de luxe…

_ Vous aimez les belles histoires de design ? En voici une véridique, racontée par Philippe Laniepce, designer de son état chez… Laniepce et Associés. Ou comment un jeune designer sorti des Arts Déco de Paris, a conçu la fameuse horloge de la Sncf, avant de créer une montre de luxe au design inspiré par les techniques du voyage : Grand Voyageur…

Une véritable obsession !

La fameuse horloge Sncf...

De l’horloge de quai à la montre-bracelet…

Dans les années 90, la SNCF confia à un jeune designer, Jean-Yves Mariez, la mission de revisiter le dessin de ses horloges afin de créer une identité forte et moderne. Il ne s’agissait pas seulement d’actualiser un cadran existant, mais de mener de concert un travail de création et une démarche de design industriel (industrialisation et optimisation des coûts).

Ceci donna naissance à une série d’instruments, déclinée depuis l’horloge monumentale de plusieurs mètres de diamètre jusqu’à l’horloge de quai « 93700 » installée à plus de 2500 exemplaires sur l’ensemble du réseau français et dans différents pays d’Europe. Pour son auteur, la tentation était grande de poursuivre la déclinaison jusqu’à son aboutissement ultime : une montre-bracelet.

Mais ce qui paraissait une continuation évidente se révéla une tâche autrement plus ardue qu’une simple réduction homothétique. Il se révéla nécessaire d’engager une nouvelle démarche de design consistant à puiser dans l’univers ferroviaire les éléments forts pour les transposer dans un instrument de mesure du temps à usage personnel.

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Au détour d’une conversation, Jean-Yves Mariez parle de son projet de montre à un ami qui l’incite à prendre contact avec l’horloger Vianney Halter, fondateur de la manufacture Janvier à Sainte Croix dans le Jura suisse. Philippe Mariez (frère de Jean-Yves) examine la faisabilité économique du projet.

Les trois hommes se rencontrent et décident de créer Hto Watches, société en charge de l’étude du développement et de la fabrication d’un modèle haut de gamme.

La première collection de montres ”Grand Voyageur” est présentée en 2004 au salon International de l’horlogerie à Bâle. Il s’agit d’une série de cinq montres-bracelet pour lesquelles la référence au monde du chemin de fer a imposé l’emploi de formes simples et logiques inspirées de la construction et de la mécanique industrielle.

Le boîtier avec sa carrure cylindrique et son cadran surdimensionné est chassé dans un étrier métallique auquel le bracelet vient se fixer. Priorité a été donnée à la lisibilité du cadran qui réfère directement par son graphisme à celui de la signalisation utilisée sur les réseaux de chemins de fer.

Usinée dans l’or blanc ou l’acier inoxydable, déclinée en différents coloris, et équipée du mouvement à remontage automatique “Grand Voyageur” est produite en 500 exemplaires au prix de vente de… 4000 euros : « en face de chaque montre il y a un acheteur » déclare Jean-Yves Mariez.

En matière de design horloger, tout est possible, à condition d’y croire et… de faire les bonnes rencontres, au bon moment !