Pantone, l’avenir ?

Pantone signe… une gamme de téléphones !

Jean-Jacques Evrard le fondateur de Pentawards – première compétition mondiale destinée uniquement au packaging design, nous envoie du Japon son commentaire sur ce phénomène avant-coureur : les icones des professionnels deviennent des appels pour le grand public.

Instructif !

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Chez soi comme au bistrot !

Les inventions destinées aux professionnels arrivent tôt au tard dans les foyers. Une Heineken ou Stella pression peut être dégustée chez soi alors que pendant des générations il fallait se rendre au bistrot du coin. De même pour l’expresso accessible aujourd’hui « at home » grâce à Nespresso. admirable_design_perfectdra.jpg

Plus besoin du docteur pour prendre sa tension, ni même contrôler la qualité de son sang. Les test de grossesse sont depuis longtemps en vente pour le prix de 6 capottes. Il en est de même pour quantité d’objets ou de services créés pour l’armée et considérés longtemps comme « secret défense » comme l’ABS, le GPS et le téléphone mobile aujourd’hui l’indispensable compagnon de tous même des enfants !

Début 70, la firme Israélienne Scitex a d’ailleurs mis au point les premières imprimantes digitales à la demande du Mossad qui souhaitait que les troupes au sol puissent voir rapidement sur papier ce que les satellites photographiaient. Grâce à cela, nous pouvons tous imprimer à la maison, en haute définition, en quelques secondes et pour pas cher la photos du p’tit dernier dans les bras de grand-maman prise au pied du sapin avant qu’elle ne rentre chez elle à minuit vingt !

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Ma concierge est aussi graphiste
Google Earth permet de voir en vue satellite et en détail aussi bien l’Elysée que JFK airport ! Chose impensable il y a 2 ans à peine.

Ce phénomène « pro to lambda » se remarque aussi dans de plus menues choses. Les graphistes ont longtemps été les seuls à connaître les noms des polices de caractères. Les Garamond, Palatino, Helvetica, Univers avaient un sens pour eux. Mieux, ces noms, accompagnés d’un numéro de corps et d’un style (bold, italic, extended,…) se matérialisaient dans leur cerveau comme la poire, le chocolat, le terreau,… prennent une signification universelle dans le monde fermé des œnologues.

Rien de nouveau semble-t-il si ce n’est une accélération remarquable entre la création à des fins professionnelles et sa vulgarisation.
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Allo ma chérie ! J’t’ai dans le peau !

Bien sûr là derrière se cachent de gros enjeux économiques. En effet, si un écran plasma créé d’abord pour la navette spatiale coûte en R&D un million € le cm2, il y a tout intérêt pour son constructeur à vendre son invention à la multitude afin de récupérer sa mise mais surtout d’engranger de gigantesques bénéfices qui lui permettront de développer des versions encore plus évoluées.

On l’a vu avec les téléphones portables dont les premiers modèles, aux fonctions ridiculement basiques comparées à ce que nous possédons aujourd’hui, valaient plus de 1000€ de l’époque (années 80). Le nouvel iPhone de l’ami Steve permettra bientôt, pour un prix bien moindre, ce qui était tout à fait inimaginable il y a 5 ans à peine !

A quand l’iSC (Implant Sous Cutané) ?
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Si l’argent n’a pas d’odeur, il a maintenant des couleurs…
Ce phénomène est aussi une aubaine pour certaines marques qui voient par là un excellent et très lucratif moyen de diversification. C’est le cas de Pantone, la marque bien connue des designers (et inconnue du grand public… jusqu’il y a peu). Pantone, la référence mondiale en matière de standardisation des couleurs, utilisée aussi bien par les imprimeurs que les fabricants de tissus ou autres matières, voyait son marché sombrer par l’utilisation des ordinateurs.

En effet l’information étant uniquement numérique et les références Pantone incluses dans les programmes graphiques, les designers n’achetaient plus les célèbres références couleurs – vendues à prix d’or il est vrai – en feuillets et catalogues.

La couleur étant un excellent moyen de différentiation, les couleurs Pantones étant elles aussi très typées, la marque américaine a eu l’idée de s’associer avec les producteurs d’objets design. Un premier essai a été tenté début 2005 avec un fabricant d’accessoires de salle de bains vendus sous la marque Pantone. Il a dû être concluant car un an après c’est une gamme de 24 téléphones portables, vendus en exclusivité et partenariat avec Soft Bank (non, ce n’est pas une banque) l’opérateur téléphone mobile Nipon, qui voit le jour, qui plus est présentée en éventail comme le sont les célèbres nuanciers Pantone. On le voit, la cible d’entrée est bien les designers et autres Mac fans…

De là à penser que pantone sera bientôt une gamme de produits de maquillage en partenariat avec Nivéa, de lunettes avec Afflelou, de vêtements avec Nike, d’électro-ménagers avec Philips, des peintures avec Dulux, ou même la couleur de votre prochaine Smart, il n’y a qu’un pas que je franchis sans trop d’hésitation.