Bernard Prieur-Smester, sait ce qu’est le net. Il l’enseigne, l’exerce et le vit ! Delà à gober tout ce qui se dit et se fait sur la grande toile il y a un pas qu’il ne franchit pas toujours.
Ainsi Wikipedia, fantastique outil de recherche, n’est-il pas ?
Fantastique avez-vous dit ?
Humm…
Béatitude pour un monde babélien
Le lundi 28 Mai 2007, à 18h24, Wikipedia enregistrait son 500.000
ème article en français.
Jimmy Wales, son fondateur, poursuit sa (dé)marche sur les traces du
Roi Nemrod pour l’édification d’une nouvelle Tour de Babel. Les
cyber-contributeurs remplacent les descendants de Noé,
l’Intelligence Collective métamorphose la ziggourat pointée vers le
Ciel, mais le mythe de l’axis mundi (axe du monde propre aux
civilisations «élues») demeure intact.
Par le truchement des nouvelles technologies de la communication et
de l’information, le projet planétaire vise à garantir “l’accès de
Tous au Savoir ”. Ce cyberespace serait le terrain idéal pour y
construire une coordination non hiérarchique, une mise en synergie
rapide des intelligences, des échanges de connaissances et de
navigation dans les Savoirs… Avec plus d’1 million de contributeurs,
7 millions d’articles rédigés dans 200 langues, cette
“néo-encyclopédie” souvent qualifiée de «libertaire» est dans le top
10 des sites les plus visités au monde…
Mais selon la sagesse populaire, «c’est au pied du mur qu’on voit le
maçon» et la visite de chantier relève une réalité plus «vulgaire»
avec son lot de contenus peu fiables, d’imprécisions, de propagandes
voire de scandales. On accède à une mise en ligne neutre et policée,
revendiquée ouvertement par les administrateurs afin «d’éviter les
dérives sectaires, politiques ou marchandes et pour dépasser les
querelles de paroisse en donnant la possibilité à chacun de faire
valoir ses arguments». Ces fourches Caudines niveleuses bloquent
arbitrairement des interventions au prétexte de «divergences entre
des versions»…
La «connaissance» passe alors du rayon des «savoirs» aux gondoles
des produits marketés destinés au plus grand nombre. Certains
articles ne sont-ils d’ailleurs pas estampillés «best seller» ou «
meilleure consultation » ?… On peut craindre d’y voir bientôt
apposés des stickers avec «vu à la télé».
Démentant ipso facto le qualificatif de «libertaire», ce label
trouve également ses limites confronté au déséquilibre des savoirs à
l’échelle internationale où la plupart des contenus disponibles
répond en priorité aux besoins des populations de pays développés…
Ce rêve “citoyennistes” que tentent de mettent en place les apôtres
de la cyber-Intelligence Collective ne serait-il pas en définitive
la quête d’un monde idéalisé et le retour promis des «bénis» au
Jardin d’Eden ?