Écodesign, le chemin vertueux…

Lorsque nous évoquons l’emballage et
l’environnement, surgit inévitablement le problème des
déchets. La lutte contre le suremballage et la promotion
du recyclage sont certes indispensables, mais loin d’être
suffisantes pour sauvegarder notre planète.

Un sujet que connaît bien Fabrice Peltier de l’agence de design P’Référence.

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Les déchets d’emballages
semblent faire encore plus
réagir le grand public que
les déchets radioactifs de nos
centrales nucléaires…

Il faut dire
que la mise en place des collectes
sélectives à partir de 1993 en
France a largement contribué, et
contribue encore, à mettre les
emballages sur le devant de la
scène. D’ailleurs, lorsque nous
interrogeons les Français sur la
hiérarchie de leurs gestes en
faveur de l’environnement, trier
les déchets arrive largement en
tête, suivi à égalité par le fait de ne
pas gaspiller l’eau ou l’électricité
et de ne plus utiliser de sacs en
plastique.

En revanche, il semble
plus surprenant qu’à l’issue du
Grenelle de l’environnement,
après trois mois de réflexion d’experts
triés sur le volet, les déchets
d’emballages aient encore été
dénoncés avec un message loin
d’êt re novateur…

Sur une
annonce diffusée sur le site du
Grenelle, nous pouvions voir le
visage d’un enfant aux
yeux sombres et graves
et lire ce texte qui
barrait son visage :admirable_design_boy.jpg

“Trier les emballages
c’est plus facile quand y
a moins d’emballages à
trier”
. Les déchets
d’emballages, qui ont
le tort d’être trop visibles
dans le quotidien
des consommateurs,
ne seraient-ils pas des boucs émissaires
bien commodes pour ne pas
aborder les vrais problèmes ?

De quoi parlons-nous
exactement ?


Selon les derniers chiffres de
l’étude Estem pour Éco-Emballages/
Ademe/Adelphe, les déchets
d’emballages représentaient en
2006 un gisement de 4,4 millions
de tonnes, soit un très faible pourcentage
des 849 millions de tonnes
de l’ensemble des déchets produits
par l’activité française ; un peu
moins de 10 % des 46 millions de
tonnes des déchets municipaux.

Le tonnage des
déchets d’emballages, en
baisse depuis plusieurs
années, est aujourd’hui
légèrement inférieur aux
4,6 tonnes comptabilisées
en 1994. Par ailleurs, la
France, fait plutôt figure
de bon élève en matière
de recyclage, puisqu’en 2006,
2,9 millions de tonnes de déchets
d’emballages ont été recyclés.

De
là à dire que tout va bien dans le
meilleur des mondes… bien sûr
que non !
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Une lutte indispensable,
mais insuffisante !


Il faut évidemment continuer à
diminuer sensiblement le tonnage
des déchets d’emballages, en
prônant la réduction à la source
des matériaux ; en luttant de
manière plus répressive, peut-être,
contre le suremballage. Il faut
aussi amplifier les efforts pour
aider les consommateurs à bien
jeter, afin d’augmenter encore les
taux de recyclage.

Cependant,
focaliser son attention uniquement
sur les déchets contribue à
occulter les principaux impacts
environnementaux du cycle de vie
des emballages. Avant de devenir
en fin de vie un déchet recyclable,
l’emballage a, en amont, un
impact écologique sur lequel il
convient de se pencher.

C’est
seulement après avoir dressé une
analyse complète des neuf grandes
phases de ce cycle de vie et établi
un diagnostic précis sur l’empreinte
écologique globale de sa
production, que nous pourrons
apporter des solutions innovantes
en matière d’écodesign et d’écoconception
pour améliorer son
écobilan.

Ainsi, en concevant des
conditionnements avec le moins
de matériaux possible, il est impératif
d’adopter des procédés de
production moins “énergivores” et
moins polluants, y compris lors de
leur recyclage… Cependant, il
reste un point crucial qui semble
encore trop peu abordé pour
améliorer le bilan carbone d’un
produit emballé : le transport.

Chacune des phases du cycle de
vie de l’emballage est reliée
à l’autre par un moyen de transport,
dans la plupart des cas,
un camion.

Privilégier la proximité

À ses débuts, l’industrie s’est organisée
sur un principe de porte à
porte. Les fabricants d’emballages
se sont installés à côté des remplisseurs,
construisant ainsi un tissu
industriel cohérent, basé sur la
proximité.

Mais l’aménagement
du territoire, avec un réseau
routier de plus en plus performant
et l’organisation d’un transport
routier efficace et peu onéreux
ont rendu, aux yeux des industriels,
ce type d’organisation de
mitoyenneté moins indispensable.

Les fusions-acquisitions et les délocalisations
en ont eu définitivement
raison. À cela, il faut ajouterla compétitivité impitoyable sur les
prix. Au nom de la rentabilité, les
services achat des entreprises privilégient
le moins offrant, sans trop
se préoccuper de sa localisation.

Désormais, des milliers de camions
envahissent tous les jours nos
routes avec des emballages vides,
destinés à être remplis à des centaines,
voire des milliers de kilomètres,
de leur site de production.

Il y a là un véritable gisement
d’économies à réaliser pour
sauvegarder notre planète. En
privilégiant des achats de proximité,
nous diminuons le transport,
et ainsi nous pouvons limiter
immédiatement les émissions de
gaz à effet de serre.

Dans ce cas,
s’engager sur le bon chemin signifiera
faire parcourir beaucoup
moins de chemin aux
emballages vides.