Turin World Design Capital

Quand des villes célèbrent le design, cela mérite le détour, non ?

D’autant que tous les deux ans, ce sera au tour d’une grande cité que d’organiser cette célébration.

Yvan Teypaz, Design industriel & urbain, nous présente ce qu’a su faire Turin.

Faut dire que Turin et le design…

En 2008 s’est tenue la première édition de la « Capitale mondiale du design » qui, à l’image de la « Capitale européenne de la culture » verra tous les deux ans une ville organiser un événement d’importance internationale promouvant le design et sa place dans la ville. Pour inaugurer le cycle, c’est Turin, en Italie, qui a été choisie pour 2008, avant Séoul en 2010 (et les inscriptions sont ouvertes pour 2012). Retour sur une « ville du design ».

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Photo ci-dessus de Zaha Hadid

L’ICSID (International Council of Societies of Industrial Design) a voulu mettre en avant l’impact du design sur les économies, les espaces et les habitants, reprenant ici les codes établis par les distinctions pour les sociétés privées. Les villes sélectionnées ont ainsi l’occasion de présenter leurs actions, d’ordres économique, social et culturel, autour des industries créatives et de montrer comment le politique et les industries travaillent ensemble.

Une « ville du design » reflète un état d’esprit, une « réinvention » de ses espaces qui lui confère une perception d’innovation. Le titre de « World Design Capital » doit lui apporter une visibilité internationale, c’est à dire attirer le regard des investisseurs et des « classes créatives » [nous aurons l’occasion de revenir sur cette notion dans quelques chroniques] et accélérer son développement économique.

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Alors, pourquoi Turin ?
Prosaïquement, l’ICSID cherchait la ville où installer son siège, et Turin s’était portée candidate (c’est finalement Montréal qui hérita de cet honneur). Au cours des discussions, l’ICSID s’est également interrogé sur sa communication, et le lieu était choisi pratiquement en même temps que germait l’idée de « World Design Capital ».

Evidemment, la ville et sa région, sont connues pour leurs industries, à la tête desquelles la FIAT, et pour leurs bureaux de design (Giugiaro, Pininfarina, etc.). De plus, Turin a su entamer une métamorphose en exprimant son caractère cosmopolite, tout en restant synonyme de « dolce vita » à l’italienne. Il semblait donc logique à l’ICSID de la désigner pour expérimenter ce nouveau concept.

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L’événement s’est décomposé en quatre phases.
La première, de fin 2070 à février 2008, se focalisait sur la vie de tous les jours et la citoyenneté pour montrer comment le design peut participer à améliorer le quotidien, notamment avec l’exposition de près de 400 objets primés par le Compasso d’oro, la plus grande récompenses italienne.

La deuxième, de mars à mai, faisait le lien entre design et stratégie à travers le parcours d’Olivetti (design, architecture, graphisme…) et la rencontre « Torino Geodesign » au cours de laquelle une quinzaine de communautés urbaines a pu échanger avec les créateurs autour des objets, ambiances et services que ceux-ci développent.

Le troisième volet était orienté éducation, avec des ateliers pour étudiants autour de six thématiques (santé, mobilité, sécurité, alimentation, représentation des phénomènes complexes, systèmes de distribution), des séminaires pour doctorants, etc. Turin a également reçu à cette occasion le World Congress of Architecture.
Enfin, l’année s’est terminée avec une série d’expositions mettant en valeur l’histoire et la créativité du design, en Italie d’une part, et dans la monde (15 pays présentaient leurs créations, l’APCI présentait pour la France une cinquantaine de réalisations remarquées lors de l’Observeur 08).

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Même si les chiffres ne sont pas encore connus, il semble que les expositions qui ont rencontré le plus de succès parmi les centaines de milliers de visiteurs sont « Dream » sur les concept-cars depuis les années 1950 et celle du Compasso d’Oro.

Logique, me direz-vous, l’automobile, et plus encore les prototypes, sont l’aspect le plus visible du design, et le Compasso d’Oro est une référence mondiale. Viennent ensuite la collection privée d’Alexander von Vegesack -co-fondateur du Vitra Design Museum-, ainsi que la rétrospective consacrée à Roberto Sambonet,

 présenté comme une designer « oublié », avec une méthode structurelle d’analyse avant la création- qui s’accordent finalement mieux avec les objectifs initiaux des organisateurs de montrer le design sous son aspect « démarche » plus que sous la vision « style » qui lui colle toujours.

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Organisé avec un budget inférieur à 10 millions d’euros, Torino WDC a su capter l’attention des médias et des designers. Les collectivités (ville, département, région, chambre de commerce, Fundazione CRT, Compagnia di San Paolo -fondations bancaires à vocation de promotion culturelle-, université, Politecnico et l’ADI -association pour le design industriel-) aussi se sont tout de suite investies dans le projet, en apportant pratiquement les deux tiers du budget (le reste provenant de sponsors privés).

Le comité scientifique était composé de grands noms, Gillo Dorfles (philosophe, critique et enseignant, « doyen » du design italien), Enrico Morteo (critique et historien), Michale Thomson (président du BEDA -association européenne du design-) et Guta Moura Gueds (présidente de la biennale Experimentadesign de Lisbonne). La direction de l’événement était confiée à Paola Zini, 33 ans, travaillant au développement économique de la ville.

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œuvre ci-dessus de Rebecca Horn

En 2010, c’est Séoul qui accueillera la deuxième édition, pour laquelle Zaha Hadid a déjà dessiné la World Design Plaza pour le cœur de la ville.
La Corée cherche depuis longtemps sa place au milieu de ses voisins, géants asiatiques. Après la guerre civile, la population de la capitale du sud a crût et rapidement, le gouvernement a mis en place des plans pour permettre la viabilité de cette densification.

Les marques d’électronique ont été les premières a mettre le pays sur le devant de la scène, parmi lesquelles LG ou Samsung, suivies par des industries qui ont aussi mis le design au service de leur réussite, et nous penserons particulièrement à Hyundai ou Kia.
L’objectif pour le maire de Séoul, Oh Se-Hoon, est clairement de « donner le souffle de l’énergie créative et réinventer [la ville] » et « envoyer le message que le design a le pouvoir de changer le monde pour le mieux. »

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Pour plus d’informations :

[->http://www.worlddesigncapital.com/]

[->http://www.torinoworlddesigncapital.it]

[->http://www.regione.piemonte.it/pressway/enews/design_fr.htm]

[->http://londonkoreanlinks.net/2008/06/16/kcc-previews-seoul-world-design-capital-2010/]

[->http://www.contemporarytorinopiemonte.it/]