Des signes pour demain ?

Philippe Cahen (réflexion et formation en prospective) nous propose une curieuse pause qui consiste à imaginer notre environnement d’hier.

Le choc est brutal et suscite de nombreuses questions quand on se projette dans le futur…

Et les lendemains du design dans tout cela ? Les signes sont déjà présents …

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Signal faible 1 : J’ai vu mourir Le monde d’Hier

« J’ai vu mourir Le monde d’hier » aurait pu écrire Stephan Zweig dans ce merveilleux livre prémonitoire. C’est ce que nous pouvons dire de ce qui se passe sous nous yeux. 2025 n’est pas loin, 16 ans seulement. Il y a 16 ans, notre monde n’existait pas, l’ordinateur sur lequel vous lisez cette Lettre, le portable posé à côté de vous, les euros dans le fond de votre poche, Easy Jet avec qui vous partez en week-end …

Comment faisiez-vous il y a 16 ans ? Dans 16 ans … un monde nouveau se sera ouvert, comment faisions-nous 16 ans plus tôt ?

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Signal faible 2 : j’ai vu mourir General Motors ?

La question peut paraître saugrenue, mais elle a été posée : quels seraient les effets pour les économies américaine et allemande les fermetures définitives de General Motors, ex numéro 1 mondial du secteur.

Le simple fait de poser la question est signe d’un monde qui disparaît.

Signal faible 3 : j’ai vu mourir la préretraite française

Chut, pas trop fort …. Le taux d’activité des 55-64 ans a nettement progressé entre le 3ème et le 4ème trimestre 2008, de 39,4 % à 40,6 % (en données corrigées). Il était de 38,9 % un an plus tôt, inférieur d’environ 5 points à la moyenne européenne.

J’en ai entendu qui espère qu’il s’agit d’une erreur de calcul … erreur, les futurs retraités ont souvent connu des périodes sans emploi …

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Signal faible 4 : j’ai vu mourir un certain luxe

En quelques mois, plusieurs Grands Chefs étoilés on rendu leurs étoiles – c’est un luxe trop exigeant et non rentable qui disparaît. Les façonniers des grandes maisons de couture risquent de disparaître de France – ce sont des métiers qui vont disparaître derrière une haute couture qui ne trouve plus sa rentabilité. Bien sûr les salles de vente se vident, l’art se vend moins, les hôtels 5 étoiles ne sont plus pleins, les écuries de course sont moins nombreuses, etc.

Entre le luxe ostentatoire qui va revenir et le luxe de tradition qui peut difficilement traverser de longues crises, ce sont des filières économiques à repenser.

C’est une économie de sable qui disparaît.

A côté de cela, se développe une économie de la pauvreté.

Signal faible 5 : J’ai vu mourir les limites des villes.

En mars 2009, le périphérique parisien a été franchi à Boulogne et Vélib’ est enfin disponible dans cette ville, 29 autres communes suivront ! Le périphérique lyonnais a été franchi à Vaulx-en-Velin avec Carré de Soie, un pôle de loisirs et commerces de 60.000 m2 prémisses d’un nouveau quartier, c’est le Grand Lyon.

Rapport Balladur ou pas, les intercommunalités avancent.

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Signal faible 6 : J’ai vu mourir les anciennes gares.

Le 13 décembre, les grandes lignes internationales seront ouvertes à d’autres opérateurs que la SNCF. Ce sera ensuite au tour du transport régional. L’Etat a décidé de laisser à la SNCF le soin de gérer le parc des 3.000 gares françaises. C’est un point.

Le second point est la rentabilisation des gares. On a connu l’opération Gare du Nord, Gare de l’Est (mieux réussi mais les chiffres ne sont pas encore probants), Gare Saint-Lazare.

La SNCF et le Conseil régional de Rhône-Alpes ont lancé un appel à projets pour attirer des activités dans les gares TER.

Un monde qui accélère, celui du commerce et des services des lieux de transit des transports en commun, gares comme aéroports.

Signal faible 7 : dématérialiser quand c’est simple, matérialiser quand c’est compliqué.

Notre téléphone portable sert à tout sauf à faire le café et ses piqûres d’insuline … quoique. Le problème est le « tout ». Et ce « tout » est commercialisé sur le portail de l’opérateur. Or nous sommes entrés dans un temps nouveau, l’appareil est un média du constructeur, l’opérateur n’est plus qu’un intermédiaire. Nokia, Apple, Blackberry et depuis peu Google commercialisent de plus en plus de services, d’applications à télécharger, qui ont pour vocation d’être des sources de fidélisation et de revenus.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même, car on connaît mieux ses clients. Les « applications stores » se développent, puis ce seront les magasins « mortar ».

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Photo de la home page : « Introspection » du site BuffaloBloodDonor