Le design et l’argent…

Au salon Créativ’Pack Gérard Caron a animé une table ronde sur le thème :« Agences de design, qu’attendez-vous de vos clients aujourd’hui ? ».

Un des invités, Louis Comolet le patron de l’agence de design Cltg, l’a prolongée avec une réflexion à partager avec les lecteurs d’Admirable.

Louis vous avez de nouveau le micro…

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De l’envie…et de l’ambition !

Un avenir corseté par la financiarisation de l’entreprise

La vision strictement comptable de l’entreprise est devenue la mise, l’alpha et l’oméga de sa conduite dans notre vieillissant système économique. Les derniers remous du conseil d’administration de Veolia en témoignent : s’y opposent la vision entrepreneuriale d’un Jean-François Dehecq à celle d’Antoine Frérot issu du sérail financier. Le plaidoyer du premier sera la cause de son éviction par le second.

Mais ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas d’un épiphénomène accidentel.

La financiarisation de l’entreprise – si elle n’est dénoncée que depuis peu par la presse économique – est une réalité dont l’émergence remonte à plus de vingt ans. La folie de la spéculation boursière, les systèmes de rémunération focalisés sur un cours de bourse devenu proie des marchés ont fini par détourner l’entreprise d’une de ses vocations essentielles : créer de la valeur dans la durée. Ainsi le court termisme est devenu la règle n°1 et son corollaire non moins dangereux la rentabilité immédiate.

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Des imaginations étouffées par la dictature du chiffre

Les conséquences de cette mutation sont nombreuses et l’une des plus dommageable pour l’entreprise est l’effet de sape exercé sur les équipes – marketing, R & D, production,… – en charge de son développement et de la conception des activités ou des produits de demain.

Combien de fois leur faudra-t-il encore s’entendre opposer à leurs idées, à leur enthousiasme contagieux, un réalisme stérilisant !… mais pas toujours fondé ni objectif.

A quoi s’ajoute le tropisme français interdisant l ‘échec. Là ou le modèle américain – qui ne passe pas pour le moins performant du monde – en fait une source d’expérience et incite les collaborateurs à oser !

Faire !

C’est de l’esprit d’entreprendre dont nous avons le plus besoin. C’est à dire de la motivation des collaborateurs, qui ne sentent plus leur valeur ajoutée au service de l’entreprise. Il faut redonner vie à cet immense réservoir de créativité qu’est la liberté/responsabilité. Il ne s’agit pas ici d’anarchie, mais bien de l’exercice de son imagination – car on ne le dit jamais assez dans nos agences : le premier geste de créativité est posé par le client… dans son brief – dans le cadre d’une organisation établie.

Plus d’autonomie, plus de responsabilités pour davantage de créativité !
« Faire » relève de l’envie, pas d’une injonction hiérarchique. Elle induit une part de liberté mue par l’énergie de l’enthousiasme, sans interdire la lucidité ni le réalisme.

La liberté, la responsabilité de « Faire » permet la cristallisation de la « vision » : c’est à dire l’expression de sa faculté d’anticipation, fruit de son imagination individuelle et collective.

Plaidoyer pour votre liberté !

Que l’entreprise redécouvre votre liberté retrouvée d’entreprendre et d’imaginer… afin que nous puissions être confrontés à vos nouveaux défis. Qu’elle fasse vivre en nous de façon partagée l’importance de créer… au service de l’entreprise.