Naoko Majima !

Naoko Majima est de ces artistes qui vous décrassent les neurones …et les designers dont la créativité tous azimuts est sans cesse sollicitée, ont tout à gagner à fréquenter de tels phénomènes. Admirable design vous invite à visiter cette galerie pour y trouver un monde de sexes sanguins, d’obsessions, de folies, de spermatozoïdes , le tout en plastique, chiffons,ferraille ou plus traditionnellement sur un beau rouleau de papier …français. Naoko Majima a eu les honneurs de la galerie Claude Samuel à Paris du 4 au 27 septembre. (Tél : 01 53 17 01 11)

Pour sa première exposition individuelle à Paris, cette artiste japonaise, l’une des premières femmes à avoir fait des études d’art dans une université au Japon, présentera des grands dessins sur papier et une installation de sculptures mêlant des étoffes multicolores, de la laine, du coton roulé en boule, de la gaze … sous-tendus de grillage métallique et durcis à la colle. Couleurs criardes , formes à connotation souvent violemment sexuelle, ces oeuvres se situent hors de toute « norme esthétique ».

Naoko Majima, qui fut la dernière compagne de Tetsumi Kudo (plusieurs expositions croisées ont été organisées entre 1988 et 1990) a acquis dans son pays d’origine la réputation d’une artiste à la force dérangeante mais aussi puissante et fascinante s’agissant de ses dessins au crayon gras, souvent de très larges dimensions.

Naoko Majima a été la lauréate du Grand Prix de la 10ème Biennale Asiatique du Bangladesh en 2001.
« Vu de loin, Jigokuraku (Enfer / Paradis) de Naoko Majima rappelle un champ magnétique constitué des particules électrolytiques de sables ferrugineux. En se rapprochant, on aperçoit un paysage boisé traversé par diverses « énergies » ou encore un mouvement qui ressemble aux ondulations des algues au fond des océans. En avançant encore plus pour entrer littéralement dans l’oeuvre, on découvre un monde microscopique où grouillent spermatozoïdes, ovules, cellules, agents pathogènes, etc. Dans l’art oriental du Feng Shui on parle d' »univers corporel » pour exprimer les résonances et les corrélations existant entre la nature, l’univers et l’homme. On serait tenté de lire la représentation de Majima et ses vagues animistes comme une cartographie du Feng Shui, dans laquelle le ciel et la terre seraient androgynes.

Dans le Nord du Japon, sur la péninsule de Shimokita, se trouve le volcan Osore-zan, une des trois montagnes sacrées du Japon. Chaque année, les chamans itako y invoquent les esprits des morts. Or aomori, la ville la plus importante de cette région, est aussi le lieu de naissance de Tetsumi Kudo, qui partagea les dernières années de sa vie avec Majima ; et dans son Jigokuraku (terme forgé à partir de « jigoku » (l’enfer) et « gokuraku » (le paradis) se dégage indéniablement une énergie, une force spirituelle invisible mais bien présente. En dessinant au crayon l’enchevêtrement de filons de substance minérales qui forment les différentes couches géologiques de notre planète, Majima a peut-être cherché à tuisser cet espace-patrie du spirituel. Par ailleurs, elle exposera pour la première fois en solo à Paris, ville qui lui est chère, autant qu’à Kudo. C’est là que Majima va tenter sa chance avec une création qui veut montrer le monde autrement ». Aomi Okabe : Female Landscape – Thunder of the World Institut franco-japonais de Tokyo (Mai – juillet 2003)