Prada à Tokyo

Un des correspondants japonais d’Admirable Design, Hatsumi Isawa, nous envoie quelques images de l’étonnant magasin Prada à Tokyo. Au vue de ces images vous comprendrez pourquoi on vient le voir du monde entier.

Vous n’êtes pas obligés d’aimer, mais reconnaissez qu’il y a une dose de culot dans cette archi…

Rien comme les autres …

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D’abord vous allez dans le quartier chic et branchouille de Tokyo. Vous savez, juste à côté des Champs Elysées japonais, Omote Sando. A quelques pas où Comme les Garçons a fait sa révolution, il y a déjà très longtemps, et du coup a lancé ce quartier.

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Rien n’est droit !

Donc Prada n’a pris aucun risque quant à son emplacement et n’a fait preuve d’aucune imagination particulière : là sont les Dior, Vuitton, Gucci, etc. Mais le commerce est une science mathématique où les ratios sont maîtres. Alors…

En revanche la marque s’est rattrappée en ce qui concerne le design de son magasin. Vous me direz qu’il s’agit là d’une question d’image. Certes, mais l’originalité de la conception n’en est pas moins remarquable.

Vous arrivez d’abord sur une place en pente, mais vous verrez que rien n’est droit dans le concept ( !), qui isole le bâtiment de la densité éprouvante de la ville. Au prix du mètre carré, bonjour les yens ! La vue aérienne doit être intéressante, mais l’hélicoptère d’Admirable Design étant en panne ce jour là, vous n’aurez que des vues terrestres cette fois-ci. Est-il utile de dire que pour sacrifier au courant actuel, vous ne verrez pas d’enseigne, de bandeau ou autre signe vulgaire de ce genre ? Non, une marque invisible peinte sur un élément de verre tout de même… On frise la réclame, attention ! !

Le résultat en vaut la peine quand même. Tel une grande cabane de verre, le magasin Prada surprend le regard. Un bâtiment de quatre étages visibles tout en énormes calissons de verre- loupe verts ! Le choc est encore plus fort la nuit. Le toit est, comme il se doit, taillé en biseau. Le mot d’ordre de l’architecte a dû être : « tout de travers ! »
Vous pouvez y accéder par la porte d’entrée où vous accueille un beau jeune homme japonais en Prada (enfin, je le pense), ou vous engouffrer dans un tunnel aux murs inégaux, qui s’enfonce dans le sol pour déboucher au niveau -1 du magasin. Mais rassurez-vous, là aussi vous attend un beau jeune homme japonais en Prada (enfin je le pense) !
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Dedans ?…c’est blanc et en diagonale.

Impression étrange à l’intérieur : pas de mobilier, pas de couleurs : tout est aérien. Les linéaires en plastique sont moulés d’une pièce et font corps avec les murs. Les tables basses, dans un grossier plastique très 1960 (mais c’est très chic, n’est-ce pas ?) sont posées ça ét là.

Quelques cintres recouverts de fourrure synthétique pour la touche humaine (et, osons poser la question, pour le fun ?) et le tour est joué. Les escaliers intérieurs sont eux aussi en diagonale et les murs extérieurs en verre donne une impression aérienne étonnante. L’ambiance collerait parfaitement à une exposition d’objets contemporains. La mode Prada n’en est pas loin probablement …
pradatnuit.jpg_ On aura compris que l’on est loin de l’ambiance ultra moderne, visionnaire projective de certaines architectures japonaises. On penserait plutôt à un magasin pour les héros de la série StarTreck. Intéressant.

L’époque est tout de même au design à mémoire décidemment, ce qui ne décevra pas notre sociologue maison Alain Meunier. Ne dit-il pas dans ses articles sur notre site, que le design est avant tout affaire de mémoire ?

Le bilan de tout cela ? le cabinet d’architecture Herzog & de Meuron (vous savez, les Suisses responsables du Tate Modern de Londres) a eu bien de la chance d’avoir une marque qui lui permette de réaliser une oeuvre originale. Qui se détache de la concurrence. Ou le talent d’avoir su le faire accepter ! Prada Tokyo fera date.

Quant à dire que cette création défiera le temps …