le B.A. Ba du design …

Au fait comment ça marche, le design  ? Dans Admirable Design vous avez de multiples réponses apportées par de nombreux experts. Aujourd’hui Valérie Seltz, une nouvelle rédactrice de votre site, experte en communication visuelle par ailleurs, se livre à un exercice de clarté qu’il sera peu évident de surpasser.

Et comme, être simple est un exercice difficile, saluons la performance !

Vous verrez, le design, c’est simple.

Les paramètres du design graphique…

Tout projet de communication visuelle est conçu intentionnellement comme un énoncé.

Une personne, ou un groupe de personne, cherche à attirer l’attention d’un public plus ou moins bien identifié pour lui transmettre un message : « Je veux vous communiquer quelque chose par le biais de cet objet graphique ».
Le texte – la forme écrite du langage verbal – semble être la forme la plus évidente pour transmettre un message visuellement. Pourquoi, alors, choisir d’utiliser le design graphique pour communiquer ? Prenons l’exemple très simple d’un pictogramme, et analysons la manière dont il se présente.
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Simplicité.

Le graphisme ci-dessus est composé d’une seule forme qui, parce qu’elle est très rapidement reconnaissable et mémorisable, fournit une information immédiate et spontanée. Ce style de message appartient à un répertoire de formes connues : des pictogrammes représentant une cigarette biffée ou le récepteur d’un téléphone sont aujourd’hui des indications immédiatement compréhensibles dans le monde entier, quelle que soit la forme graphique qui leur est donnée. Elles demandent moins d’efforts pour être comprises et retenues que leurs « traductions » textuelles.

Immédiateté de l’image.

Encore de nos jours, tout le monde ne sait pas forcément lire et écrire : un message transmis par une image aura donc plus d’efficacité qu’un texte seul. Dans la plupart des cas, l’image est analogique, elle « ressemble » à la réalité et le rappel d’une image enregistrée en mémoire est plus spontané que celle d’un texte, le plus court soit-il.ex-de-frut.jpg

Un « modèle visuel » permet une compréhension plus rapide de l’information. Un exemple caractéristique et assez éloquent nous est fourni par Frutiger avec cette planchette datant du XVIIème siècle, qui servait à rétribuer les journaliers dans une ferme finlandaise. Chaque soir, on faisait un trou à côté du signe personnel distinctif de chaque ouvrier (1). On constate que le nombre de jours est bien plus simple à calculer si les points sont placés régulièrement que s’ils étaient répartis au hasard : ils forment alors une image perçue « en bloc », ce qui facilite la perception et le comptage.

Concision.

Revenons au pictogramme. Dans un espace très réduit, ce graphisme est porteur d’un message complet et condensé : « Ici, vous pouvez acheter des boissons chaudes ». Sous une forme textuelle, cette information nécessiterait beaucoup plus d’espace pour avoir le même impact visuel. De plus, la forme dessinée est compréhensible dans toutes les langues et permet ainsi d’éviter une information multilingue qui nécessiterait un espace encore plus important.

Esthétique.

Aux paramètres que nous venons de déterminer, il faut en ajouter un supplémentaire. L’esthétique est, en effet, un paramètre dont on pourrait penser qu’il n’est pas du même ordre, tant il est habituel de le maintenir dans le champ de l’émotion, hors de celui de la connaissance. Or, tout graphisme suppose sa concrétisation par une forme, une composition et une couleur. Chacun de ces trois éléments, considéré indépendamment ou combiné avec l’autre, peut provoquer un intérêt, une attention, une émotion. Il existe un nombre infini de représentation de cette simple tasse et chacune pourra provoquer un intérêt esthétique si elle est regardée pour ses qualités plastiques.

Le pictogramme est un cas particulier du design graphique parce qu’il n’est que dessin, il ne comporte pas de texte. Or, la conjugaison texte/visuel propose une palette supplémentaire pour jouer avec les formes et créer l’esthétique. Le texte a un contenu sémantique qui est perçu, en général, avant les qualités esthétiques que peut avoir le dessin et la forme des lettres choisis pour le concrétiser. En revanche, le contenu sémantique d’une image n’est pas forcément ce qui est perçu spontanément. Dans la plupart des cas, l’image est plus facilement appréhendée pour son esthétique que peut l’être un texte simple.

Le design graphique est un domaine où la beauté joue un rôle important, et la plupart du temps, déterminant : elle confère séduction et attrait au message, elle donne un contenu esthétique au contenu sémantique. Le design graphique communique une information et, dans le même moment, provoque une émotion.

Informations sur l’auteur :

Après des études supérieures d’arts appliqués (ENSAAMA), Valérie Seltz a conçu et réalisé de nombreux projets de communication visuelle au sein de plusieurs agences de référence de création parisiennes. Elle a choisi de compléter cette approche professionnelle du métier de graphiste par un travail approfondi de réflexion et de conceptualisation, et elle a suivi les enseignements d’une licence et d’un DEA en sciences de l’information et de la communication.

Aujourd’hui, Valérie Seltz apporte son expertise aux entreprises et aux institutions qui souhaitent être accompagnées dans la conception et l’analyse de leur communication : son regard de spécialiste en communication visuelle, éclairé d’une maîtrise des principaux concepts du domaine.

Elle est chargée de cours à Paris III, où elle enseigne la sémiologie visuelle.

(1) Frutiger A., L’Homme et ses signes, tr. fr. Perret D., At. Perrousseaux, Reillanne, 2000, p. 264.